Traité Militaire, Arma virumque cano.

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Arma virumque cano.


Voilà plus d’un an que la campagne samnite s’est achevée. Voilà plus d’un an que j’ai été tribun de la légion Mars V. Voilà plus d’un an que j’ai servi pour Rome auprès du légat Barrezus. Voilà plus d’un an que j’ai fait parti des hommes qui ont pris Beneventes. Et pourtant, malgré le temps, je ne peux m’empêcher de repenser à cette campagne. Serions-nous revenus moins nombreux avec un autre légat ? Aurions-nous pu aider nos amis et éviter des morts si nous avions été dans d’autres batailles ? Sincèrement je le pense.

Durant un an nous en avons bavé, durant un an nous avons fait des manœuvres à n’en plus pouvoir, mais durant un an nous nous sommes entrainés pour de trop rares combats et aujourd’hui, je sais que ces combats furent simples, parce que nous étions préparés. C’est pourquoi, aujourd’hui, moi, Géraldus Primus avec d’autres anciens de Mars V et Mars VI, j’ai décidé de partager mon expérience de campagne afin que cela puisse servir, les centurions, les tribuns militaires et les légats qui viendront après nous. Pour que les légions romaines soient fortes, pour que les légionnaires soient préservés, et prêts au combat en toutes circonstances.

Dans le titre de cet essai « Arma virumque cano », il y a les armes, mais il y a aussi les hommes, je parlerai donc des deux.


I. Du commandement des légions.

De mon grade de simple soldat, jusqu’à mon poste de tribun en passant par celui de centurion, j’ai eu l’occasion d’être commandé par de nombreux hommes et d’en commander de nombreux. Pour tout dire, je me rappelle mieux du nom des hommes qui ont combattu à mes côtés que du nom des hommes qui m’ont donné des ordres. En fait, je crois que peu importe les noms, l’histoire retiendra au mieux les noms des grands généraux, de certains légats, mais jamais les nôtres… Par contre que des légions Romaine ont remporté une grande victoire dans tel ou tel lieu, cela l’histoire le retiendra ! Et c’est peut-être mieux ainsi, nous autres romains accordons peu d’importance aux individus, ce qui compte c’est le groupe, c’est Rome !

Cependant, il est de mon devoir de dire ce qui fait un bon commandant :

- Celui qui dirige doit gagner la confiance de ses soldats, aussi quand il les entraine doit-il s’entrainer avec eux… Le légat Barrezus, nous a imposé des entrainements parfois inhumains, des entrainements durs et rigoureux, mais jamais, au grand jamais, les hommes ne l’aurait suivi si lui-même n’avait pas effectué ses entrainements avec la même rigueur qu’il exigeait de ses légionnaires. - Par contre, peut-on considérer qu’un commandant doit tenir la ligne avec ses hommes. C’est quelque chose que le simple soldat apprécie, mais cela doit se faire avec parcimonie, en effet, si un tribun, si un légat, si un général se trouve au milieu de ses hommes durant la bataille, comment peut-il apprécier la situation générale, comment peut-il donner de nouveau ordre… A moins que les troupes soit parfaitement entrainées, et cela est dur à savoir tant qu’on n’est pas dans la bataille, le légat doit pouvoir se rendre compte de ce qui se passe et donner les ordres adéquats.

Une dernière chose me semble importante, quand nous combattons sur plusieurs fronts, quand nous envoyons des éclaireurs, nous avons pour habitude d’envoyer des hommes pour transmettre les rapports ou les messages : est-ce réellement judicieux ?

Je me suis laisser dire, et le légat Barrezus partageait cette idée, que d’autres peuples élevaient des pigeons qui transmettaient les messages, peut-être devrions nous penser à cela.

Ah j’allais oublier : autrefois quand l’armée romaine combattait, c’était prêt de Rome… Et le général n’avait aucun problème pour consulter les augures sur le jour ou le lieu de la bataille. Aujourd’hui c’est quelques choses que nous ne pouvons plus faire, aussi le général se fie à son propre jugement, à sa propre chance. Autrefois, les latins utilisaient des poulets : si le poulet mangeait le grain alors le lieu et le jour étaient bénis des dieux… Pourquoi ne pas instaurer la même chose : des poulets élevés par les augures et confiés à chaque commandant de légions.


II. Des sous-divisions et de la composition des légions.

Actuellement, nos légions sont composées indifféremment de Velites, Légionnaires lourds (que j’appellerai simplement légionnaires par la suite) et de Cavaliers. Elles comportent 5 000 hommes et sont sous-divisées en cohortes, elles- mêmes divisées en centuries. La première des choses dont je parlerai, c’est de la place de la cavalerie : Elle ne doit en aucun cas être comptabilisée dans la légion, mais être considérée comme un appui aux légions. La légion, ce sont les hommes d’infanteries. La force de Rome, ce sont ces soldats d’infanterie, ceux que l’on envoie combattre. La cavalerie reste un élément à part. Cependant, je pense qu’à une légion de 4 200 hommes, j’expliquerai tout à l’heure comment nous arrivons à ce chiffre, il faut adjoindre 1 800 cavaliers. Le fait de combattre au Samnium aurait pu nous être fatal à moi et à mes frères, si nous avions gardé les sous-divisions classiques dû à la méthode de combat hoplitique que nous tenons des grecs. En effet, nous battre comme des hoplites grecs, en centuries ou en cohortes ne rimaient à rien sur le terrain samnite. C’est là que j’en viens à ce que m’a appris le légat Barrezus. Il nous a imposée une souplesse disciplinée ! Une telle oxymore pour désigner un changement radical de ma façon de voir le combat, une véritable innovation pour tous les légionnaires qui étaient sous ses ordres et avaient déjà combattu ailleurs. Voilà comment il nous à répartit : Dans chaque centurie, il a demandé qu’on crée dix unités de base (environ 8 légionnaires pour 2 vélites, selon moi ce serait l’idéal, au Samnium nous avons eu plutôt un rapport de 4 légionnaires pour 6 vélites). Et il regroupa deux centuries, en un groupe appelé manipule (200 hommes) : ce fut notre unité de base au Samnium. Ces unités étaient, grâce aux explications du légat et aux entrainements qu’il nous a imposés capables d'agir indépendamment du reste de la formation et d'avancer ou reculer selon les exigences tactiques du moment. Il allait de soi que 3 manipules formaient une cohorte. Une autre innovation du Patronus fut la façon dont il répartit les hommes selon les manipules : habituellement, tout commandant répartissait les hommes selon leur cens, comme cela se fait dans toute notre société. Non, l’homme nous répartie, dans chaque cohorte, selon notre expérience. Ainsi dans chaque cohorte se trouvait deux centuries d’hommes jeunes, deux centuries d’hommes mûrs et deux centuries d’hommes expérimentés. Je me demande s’il n’a pas repris ce classement de la loi Junius sur l’administration romaine. Si, nous gardons ce principe à ce que j’ai dit tout à l’heure sur le nombre d’hommes : nous formons avec 7 cohortes d’infanteries et trois cohortes de cavalerie, une légion de dix cohortes, soit 6 000 hommes. Pourquoi 6 000 et nos pas 5 000 comme nous le faisons actuellement ? Eh bien essayez, selon la répartition que je viens d’exposer, de diviser 5 000 par 600 et il vous faudra trouver des tiers de légionnaires… Je serais incomplet si je ne parlais pas des troupes auxiliaires et de l’intendance. En ce qui concerne les troupes auxiliaires, les contingents dépendront de la capacité de Rome à rallier, les soldats des provinces qui ne sont pas encore citoyens. Je sais aujourd’hui que le légat Barrezus a longtemps espéré que le général samnite Campanae rejoigne Rome avec des cavaliers et des archers samnites. Je crois, au vu des discussions que les deux hommes ont pu avoir après la guerre, que le général a longuement hésité, mais qu’il a préféré défendre son peuple même si son commandant en chef était un fou sanguinaire et prétentieux. Quant à l’intendance, il faut évidemment prévoir des hommes transportant les vivres : je préconise l’usage du chariot à bœufs. Mais il faut aussi des ingénieurs et leurs hommes pour couper bois et construire les machines de guerre, des médecins, des cuisiniers, des hommes pour s’occuper des bêtes ainsi que des prêtres de Mars. Cela fait du monde, je laisse les experts en discuter, mais à mon sens cela ne représente pas moins de 1 000 hommes.


III. Des différentes formes de marches.

Je distinguerai trois formes de marches : la marche normale, la marche forcée et l’agmen quadratum. Je ne dirai rien des deux premières, si ce n’est qu’à moins de nécessité absolue (poursuite d’une troupe ennemi, sauvetage d’une cité, d’alliés, retrait rapide dans une cité allié…), la marche forcée doit être proscrite, elle fatigue les hommes inutilement, il est préférable de passer du temps à les entrainer. L’agmen quadratum est autrement plus intéressant et le patronus nous a rarement demandé de nous déplacer autrement en territoire samnite : c’est la marche prudente, la marche prête au combat par excellence. La légion forme un carré, au centre l’intendance qui en plus de son colis habituel, transporte aussi l’équipement des légionnaires qui n’est pas nécessaire au combat et l’état major. De chaque côté du carré les légionnaires organisés en manipule, les manipules organisés en quinconces. Sur l’extérieur de ses colonnes, deux lignes de velites, une ligne portant des pics de bois pour briser les charges de cavalerie, l’autre ligne est composée d’hommes équipés de javelot ou d’arc. Cette marche ne peut être efficace que si des cavaliers avances devant l’armée à une courte heure de marche et revient vers la légion si des ennemis sont repérés. Bref, il faut un bon travail d’éclaireur. A la fin de mon sujet, je donnerai le schéma que nous employions au Samnium.


IV. De l’armement.

Le légionnaire est un homme qui peut acheter et entretenir son équipement. Dans l’idéal voici de quoi il se compose : - La tunique : Elle est en laine, s'arrêtant à mi-cuisse. - Les Caligae : elles sont cloutées et résistantes pour les longues marches. - La lorica segmentata : l'armure la plus populaire auprès des légionnaires. Elle est fabriquée de bandelettes de métal maintenues entre elles par des courroies de cuir. - Le cassis : Les casques sont très équipés. Ils disposent d'oreillettes de chaque côté de la mâchoire. Une palette disposée à l'arrière du casque sert à protéger la nuque. - Le balteus qui protège le bas ventre. Les ornements en métal font du bruit pendant la marche pour intimider les ennemis. - La cingula est une grande courroie de cuir qui se porte par-dessus l'armure et maintient en place les autres courroies de cuir. - Le scutum : De forme semi-cylindrique, sa hauteur est de 1 m 20. La poignée est horizontale et une pièce métallique ronde est fixée devant le bouclier pour protéger la main qui tient le bouclier, mais qui peut aussi servir à repousser l’ennemi brutalement. - Le gladius est une épée courte à double tranchant, très maniable.


L’équipement du velite est bien plus rudimentaire : pas d’armure, un simple bouclier, des javelots et une fronde pour seules armes. Je recommande l’utilisation d’un bouclier plus grand, d’un glaive même rudimentaire, d’un arc éventuellement. Plus un long piquet de bois pour deux velites qui servira à briser une charge de cavalerie.

Il me reste à parler des armes de sièges et autres machine que peuvent construire les ingénieurs.

Lors du siège de Beneventes, nous avons pratiqué des tirs d’artillerie durant quatre jours, il est à noter que cela a eu trois effets : - Faire des brèches dans les défenses ennemies - Eliminer une partie des troupes ennemies - Démoraliser l’ennemi.

Nous avons utilisé des balistes traditionnelles et les projectiles étaient d’abord inflammables, puis lourds.

Par ailleurs afin de protéger les hommes qui s’occupaient du tir d’artillerie, les légats Severus et Barrezus avaient fait construire des tours plus hautes que les remparts de la ville pour que des archers puissent tirer sur les archers adverses. Ces tours ont d’ailleurs pu protéger nos manipules lorsqu’elles sont montées à l’assaut.

Les ingénieurs se sont vus confiés d’autres tâches : creuser des tunnels avec deux objectifs, faire s’écrouler les fondations des défenses ennemies, mais aussi permettre à nos troupes de monter à l’assaut plus facilement.


V. Des formations.

Alors que je commence cette partie là, je me rends compte à quel point elle sera difficile : j’espère être lu par de nombreux romains, mais il se peut que je sois lu aussi par des étrangers, des ennemis de Rome et alors, cela me semble délicat de dire sur quelles façon de combattre repose la stratégie, je présenterai donc sommairement les différentes positions que peut adopter une manipule. Le combat classique ne doit plus se faire à la manière d’une phalange hoplitique. La bataille se livre sur de petits fronts. Les légionnaires sont rangés au coude à coude et la cavalerie est aux 2 ailes, avec les éléments légers en avant. Chaque légion en ordre de bataille se présente sur 3 lignes en quinconce, articulées en manipules. Les manipules, divisées en centuries, se présentent eux mêmes sur plusieurs rangs. Ils sont séparés les uns des autres par des intervalles égaux à leurs fronts, de sorte que chacun puisse effectuer un repli sans affecter l'ensemble du dispositif. Le signal donné, les soldats lancent le javelot, puis on en vient au corps à corps. Les vétérans, c'est-à-dire les hommes qui composent la dernière ligne, sont en position d'attente, le genou à terre, ils interviendront si les premières lignes échouent ou se fatiguent trop vite ; celles-ci viendront alors prendre leur positions de repos à l’arrière avant de reprendre le combat. Cet échange est ordonné par les centurions. Quand il faut enfoncer une ligne, quelques braves entraînent une colonne, dont les rangs s'élargissent au point de former un angle aigu, c’est le cuneus. Si l’armée est encerclée par l’ennemi, les soldats font le cercle pour résister de tous les cotés, c’est l’orbis. La tortue est une formation défensive qui permet aux légionnaires d’avancer sous les tirs de flèche de l’ennemi. Les soldats se groupent en carré, le bouclier des premiers rangs en avant et les autres boucliers placés à l'horizontale au-dessus de la tête. Le pilum est placé en avant entre les boucliers, pour les premières lignes. J’en profiterai enfin pour parler un peu du rôle de la cavalerie. Le Patronus s’en peu servi en combat si ce n’est pour harceler la cavalerie ennemie, pour harceler les lignes ennemies… il a préféré leur donner durant la campagne un rôle de surveillance en amont et en aval de notre avancée : éclaireur, surveillance de nos arrières, les cavaliers par leur déplacement rapide étaient les meilleurs dans ce rôle. Une chose importante me vient maintenant à l’esprit, en plus de l’entrainement quotidien, ce qui a permis une telle réussite dans notre mission, ce qui a permis à Rome d’éviter la catastrophe face aux bovianites, c’est la volonté du Patronus de surveiller tout ce qu’il pouvait avec les hommes qu’il avait. Le moindre rapport était exigé, lu et discuté en conseil d’état major… Bref, un vrai service de renseignement.


VI. Du ravitaillement.

J’en viens à l’un des points les plus cruciaux d’une campagne militaire. Un légionnaire surentraîné, un légionnaire suréquipé, un légionnaire bien commandé ne sera jamais qu’un légionnaire promis à la honte de la défaite voire à la mort s’il n’est pas nourri correctement. Le ravitaillement des troupes est donc capital. Alors que nous avions atteint la frontière samnite, le Patronus nous a fait attendre plusieurs jours, il a répété cette action de la même façon à Levies. Avait-il peur de nous emmener au combat ? Non, mais il voulait que les routes du blé soient sûres afin que jamais les convois ne soient attaqués, afin que jamais, les hommes ne manque de blé. A aucun moment, il n’a fait avancer les légions sous son commandement sans être sûr qu’il y avait assez de nourriture pour nourrir tous les hommes. Ce point est vital et Rome doit réfléchir à la façon dont il doit être assuré. La loi prévoit une excellente organisation, mais tout doit être pensé : les routes doivent être dans un excellent état… même si pour notre part, nous avons coupé à travers champs en nous rendant à Levies, il ne doit y avoir aucune risque d’embuscade, le blé doit être transporté par des chars à bœufs, mais ceux-ci doivent bénéficier d’une bonne escorte.


Alors que j’arrive à la conclusion de ce traité, je revois les visages des hommes avec lesquels j’ai passé plus d’un an durant la campagne samnite. Je me souviens de la peur au ventre que certains trainaient lors du départ de Rome, oh bien sûr, ils étaient prêts à accomplir leur devoir pour Rome mais certains pensaient ne pas revenir, ne pas être prêt et abandonner leur famille à jamais. Seulement après quelques semaines du traitement que nous avait réservé le Patronus, plus un seul légionnaire ne craignait d’aller au combat, et s’il nous l’avait demandé, nous aurions été attaqué les plus grandes armées puniques en étant sûr de la victoire. Ce qu’a réussi cet homme c’est de donner confiance à 10 000 légionnaires sous ses ordres, et c’est bien de cela que souffre Rome aujourd’hui, d’un manque de confiance en elle.

Si vous avez peur d’une guerre contre un grand ennemi parce qu’il y aura des morts, dites vous qu’un légionnaire romain bien entrainé, même s’il doit mourir pour Rome, emportera bien plus d’ennemi dans la tombe que celui qui l’aura tué. A condition d’être rompu à l’entrainement militaire, et d’avoir un commandant dans lequel il a toute sa confiance, cet homme sera un redoutable adversaire.