Montant franchement sur les Rostres.
Ah... la Lucanie...
Vers le peuple.
Qui, ici, pourrait dire qu'il souhaite plus que moi percer de son glaive le ventre des Lucaniens ?
Qui !
Et pourtant... pourtant nous devons renoncer à la guerre, pour un temps.
Pourquoi ?
Pour les milliers de Romains qui demeurent aux mains de nos ennemis !
Toi, édile, tu fais bien peu de cas de la vie des ces hommes, nos frères. Ils sont otages, et si nous levons nos armées contre la Lucanie, ils seront des otages sacrifiés. Cela ne fait aucun doute.
Devons-nous néanmoins réclamer leur retour de la pointe du glaive ?
Mais ces prisonniers ne sont pas en Lucanie ! Ils sont en Epire, ils sont en Macédoine, et ces peuples vils n'auront aucun scrupule à les abattre tous, même s'ils doivent voir mourir 1000 Lucaniens pour un Romain.
C'est d'ailleurs ce qu'ils ont fait lors de la dernière campagne ! Ils n'hésiteront pas à recommencer !
Et quand bien même, édile... que sais-tu des choses de la guerre ?
Sans doute pas grand chose. Car tu négliges le fait que notre flotte est faible face à celle de nos ennemis, et nous ne pouvons pas reprendre la Lucanie aujourd'hui sans flotte, sans protéger nos côtes, sans garantir nos sièges.
Ou bien, nous devrons monter à l'assaut des murs de Siris, de Sybaris, de toutes leurs cités, et payer le prix du sang. Nos pertes seront terribles.
Se tournant vers le peuple, désignant un homme sur 3 ou 4.
Toi, tu y passerais. Toi aussi. Et toi encore. Toi, tu as de bons bras, tu résisterais, à condition d'avoir dix compagnons de ta carrure autour de toi.
Est-ce l'avenir que tu promets aux Romains, édile ? Des otages exécutés comme des porcs, des légionnaires percés par l'ennemi, mais ta bannière au sommet des murs en ruine ?
Se tourne vers le peuple.
Alors même que notre cité souffre de l'intérieur, qu'elle est gangrenée par le crime et l'impiété, qu'elle est affaiblie par la discorde et par l'ambition de quelques uns, alors même que le sang Romain coule déjà trop souvent, faut-il ajouter du sang au sang ?
Ou faut-il, au contraire, nous rassembler, nous reconstruire, retrouver notre confiance en nos frères, recouvrer nos forces avant de fondre sur nos ennemis ? Rome est blessée. Prenons le temps de nous soigner.
Alors, forts de l'expérience que nous aurons gagné dans la douleur, forts de notre nouvelle unité, de la République réformée qui se prépare actuellement au Sénat et dans vos cœurs, nous pourrons prétendre à laver notre honneur !
Citoyens, notre édile a été un bon édile, comme il a été un bon questeur. Un jour, il sera sans doute votre consul, comme je le suis aujourd'hui. Mais il a la fougue de l'inexpérience et la volonté pure des passionnés. Ses propositions sont peut-être séduisantes, agréables à l'oreille, mais elles portent en germe un danger pour Rome si elles ne sont pas jugulées par la sagesse, l'expérience. Qu'il construise cette expérience, qu'il affine sa politique, et il sera un jour un magistrat digne de l'imperium, digne de guider ses frères au combat. Soyez bons juges de la qualité de l'homme !
Se tournant vers l'édile.
Et j'espère que tu seras bon juge, toi aussi, des mots que je prononce ici. Ils sont pleins d'espoirs pour ce que tu pourrais être, mais aussi plein d'inquiétudes sur la face que tu présentes aujourd'hui au peuple.
---------------------- Pacta sunt servanda !
Consul 386
En mission consulaire chez les Gaulois 383-385
Consul 380, 381, 382
Préteur 377, 379
Légat en Lucanie 374-376
Edile 373, 374
Ambassadeur à Rhegium 370-372
Questeur 368, 369 |